Écrire et transmettre l’histoire du féminisme par le Travail Social en Haïti…

Article : Écrire et transmettre l’histoire du féminisme par le Travail Social en Haïti…
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26 mai 2017

Écrire et transmettre l’histoire du féminisme par le Travail Social en Haïti…

« Je suis rentrée ignorante à l’Université, et voilà 4 ans plus tard, je suis ressortie travailleuse sociale et féministe… » Nombreuses et nombreux sommes-nous à porter dans ce monde ce discours peut-être.  En tout cas, j’ai bien pu observer durant ces deux dernières années à la faculté les débats autour du mouvement féministe. Nous avons été nombreux à avoir grandi sur le plan intellectuel, émotionnel au regard du respect des droits de l’autre. Je l’ai toujours dit quand j’émets une opinion concernant le respect des droits de l’autre, que respecter l’autre dans ses droits et ses opinions, c’est une question de maturité. J’ai été étonné, derrière les belles théories de la justice sociale, tel concept central du travail social, combien on était devenu MATURE. A la fin, telle est l’une des missions de l’Université, celle de nous apprendre à réfléchir, à penser, à ne pas se conformer à la réalité et plutôt d’apprendre à transformer en vu de mieux organiser la société.

A cet ordre, le travail social comme discipline des sciences humaines et sociales, ayant pour but la promotion du changement social, de l’accompagnement et de l’aide à l’épanouissement et au respect des droits des individus, est une discipline qui partage les valeurs universelles des droits de l’homme. Il s’inscrit aussi dans une lutte de libération des minorités (oppressées) dans la société, le travailleur social par l’éducation populaire peut dans une démarche de conscientisation aidé au dévoilement des tares, des vices, des problèmes sociaux dans la communauté. La lutte des femmes pour la reconnaissance pleine de leurs droits et la déconstruction des normes basées sur le genre dans la société interpelle le travail social, puisqu’il s’inscrit comme discipline  dans le respect des valeurs humanistes, démocratiques … qui doivent véhiculer dans la société. Avant l’Université, j’ai entendu cette phrase : ‘’On ne naît pas femme on le devient’’ Ecrite par Simone de Beauvoir dans le (Deuxième Sexe)) en 1949, cette phrase constitue l’un des prémices des études de genre, à une époque je l’ai entendu vaguement et l’ai répété innocemment. Aujourd’hui,  quatre ans plus tard, cette critique du genre, je l’ai compris, le partage et tient dans cette même logique d’un professionnel du social, qu’il soit clairement compris, que si la société a fait de nous femme à travers la construction du genre, aucune logique ne tient encore debout, dans une approche de respect des droits des individus, de liberté, de l’épanouissement de la personne face aux vécus lamentables des femmes oppressées dans la société. Et le travail social comme profession, s’inscrivant aussi dans cette optique de transformation et libération de la personne dit non à l’exclusion, la marginalisation, en somme non à l’oppression de la femme dans la société.

         Le genre en tant que construit social influe sur nos perceptions, nos représentations, nos comportements et nos rôles dans tous les domaines de nos vies. Encore trop peu reconnus dans les sciences sociales, il est pourtant nécessaire de le prendre en compte autant que le concept de « rapport de classe » en sociologie par exemple, concrètement ensuite dans le rôle normé des femmes et des hommes, ainsi que dans leurs manières de penser, dans leurs émotions. Il est donc nécessaire d’étudier ce contexte afin de pouvoir comprendre le cadre dans lequel émergent, puis évoluent les mobilisations sociales critiques du genre. Il existe à travers le monde, cette mobilisation pour l’autonomisation de la femme, le libre accès au monde du marché, libre droit de jouir des droits fondamentaux. Au niveau de recherche aussi, les travaux sont nombreux à travers le monde. Cependant, les exigences, les revendications et les souffrances des femmes sur la base du genre varient selon les sociétés. Ainsi, en Haïti, il s’agit bien de faire un travail au niveau des perceptions des femmes et au niveau des hommes, ce qui conduirait a un plus grand respect et accès des femmes a ce qui leur revient de droit. En tant que travailleur social, on peut donc s’inscrire dans cette démarche de dévoilement. Cependant, il nous faut des travaux scientifiques pertinents sur la question, prenant en compte nos réalités : la réalité de nos femmes haïtiennes. Mais, ou et comment faire de la recherche en Haïti ? Je vous laisse avec cette question, vous tous, jeunes finissants, aspirant chercheur, memorand et professionnels qui lisent ici…

       Le mouvement féministe en Haïti confronte à un grand et gros problème d’histoire tant auprès des femmes que des hommes, car la mémoire des luttes féministes a été peu transmise, d’où une faible appropriation de cette histoire par toutes les femmes et l’impression d’un éternel recommencement. Comme l’écrit Michèle Riot-Sarcey, cette «histoire discontinue […] a toujours été tenue en lisière de l’histoire traditionnelle ». Aujourd’hui encore, lorsque se crée un nouveau mouvement féministe, il n’est pas rare d’entendre chez elles un certain dénigrement des féministes « historiques ». Davantage par méconnaissance que par volonté de faire table rase du passé. Les femmes et les hommes ont besoin de connaitre l’histoire de ce mouvement : cette longue histoire féministe : celle des révolutionnaires, des suffragettes et d’autres mouvements.

Écrire et transmettre l’histoire du féminisme devraient aussi permettre d’éviter ces oublis et ces ignorances. La lutte pour la reconnaissance et l’autonomisation de la femme est inscrite dans cette logique humanistes et démocratiques, telles sont des valeurs partagées par le travail social, il n’en reste pas moins a dire que la lutte des femmes contre l’oppression du système patriarcat pourrait faire partie des champs d’intervention du travail social par rapport à sa mission de conscientisation.

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