De notre amour pour nos métiers.

Article : De notre amour pour nos métiers.
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26 juillet 2016

De notre amour pour nos métiers.

Je me rappelle il y a 4 ans, soit en juin 2012, j’ai terminé mes études secondaires. Prête pour entrer à l’Université, une grande question s’imposait entre moi et mon avenir : qu’est ce que je dois apprendre comme métier ? Ce n’est pas comme si je ne connaissais pas mes compétences et mes goûts mais le souci principal était bien d’apprendre un métier qui pourrait facilement me permettre d’accéder au monde du travail. Apprendre un métier c’est commencer par tracer la voie de son autonomie, son indépendance financière et devenir cet adulte responsable de soi-même. Après tout, c’est ce que les parents attendent aussi, ainsi que la société pour le dire à voix haute : Oh la fille de Madame X a réussi, à peine terminé avec la médecine ou le Droit … elle a décroché un super boulot, Waw extraordinaire ! Je me suis retrouvée dans cet embarras, il n’y eu réellement pas un travail d’orientation professionnelle qui a été fait, et sur les lèvres de presque tous les bacheliers, on entend citer cette liste de métiers si restreinte qu’on n’avait pas le choix que d’opter pour l’un d’eux car ce sont les métiers qui sont les mieux représentés et plus connus dans notre société. Ceux qui sont les plus prestigieux. J’ai opté pour la médecine finalement, nous étions un groupe d’amies Valencie, Asnate, Simone, Berlie, Lovelie et moi. Nous voulons être médecin. Bien sur les parents ont bien reçu la nouvelle, nous avons consacré un mois à la Préfac pour la préparation des concours d’admission dans les entités de l’Université d’Etat d’Haïti. Moi, personnellement j’étais cet élève brillante en lettres en secondaire, malheureusement jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais eu des personnes pour m’aider à comprendre que les lettres sont une carrière, en tout cas il fallait être médecin. Passé les concours, admises en sciences et Technologies, Simone et moi au Campus de L’UEH à Limonade, nous avons entamé notre première année propédeutique pour devenir ces Médecins que nos parents seront si fiers. A un certains moment de la durée, je vais saisir que mon rêve est d’être Avocat, et c’est la que j’ai décidé de m’inscrire a une autre faculté : La faculté de Droit et je me suis dit que je vais être médecin pour mes parents et Avocate pour moi. Après une bonne session, mon amie et moi, nous allons découvrir que nous ne sommes pas fait pour ce profil de médecin, nous n’arrivons pas a nous adapter à l’ambiance et au cours dispensé. Du coup nous nous sommes faits inscrits en Sciences humaines et sociales et là encore une grande question nous est revenu : Quelle spécialité nous intéresse, la sociologie, la psychologie, les sciences politiques ou le travail social ? Puis une grande campagne s’est ouverte pour parler de ces métiers du social. Et dans cette ambiance mon cœur commence à prendre chair, a prendre forme, j’ai eu à entendre ces concepts qui captent mon attention comme la Justice dans le Droit, dans le travail social et la sociologie, des concepts comme problème social, justice sociale, société etc. Et mon intérêt se portait tout de suite vers la sociologie et le travail social. Maintenant pour faire mon choix, il fallait que j’aille délimiter chacun de ces champs et voir sur lequel peser le pour. Adhérée a l’idéologie qu’il nous faut plus que des mots, plus que des analyses, après les réflexions il nous faut l’agir, le grand jour a donc accouché le Travail Social pour son coté très pratique dans le domaine du social. J’avais saisi aussi qu’en Haïti, il est difficile de parler de profession du social, tant que les politiques sociales nationales accordent peu de place au traitement des problèmes sociaux comme le chômage, la protection citoyenne : droit au logement, encadrement des enfants, des handicapés etc. mais j’ai quand même fait le choix, parce que j’ai aussi compris la dimension politique de ce métier, cette discipline qui se cherche en Haïti qui est le Travail social peut se constituer comme un assaut de lumière au sein de la société pour prendre position dans cette structure de rapport de force pour enfin faire émerger la pensée sur l’importance des métiers du social en Haïti. Aux bacheliers et bachelières je ne saurais pas terminer sans vous parler du Travail social.

Quid du Travail social ?

Le Travail social est une discipline scientifique qui a pris naissance dans les tournants du XIXe siècle, son irruption dans le monde social que ce soit en France, aux Etats-Unis ou au Canada est liée aux différents problèmes sociaux que confrontaient ces sociétés d’alors. À ses débuts, cette profession était surtout marquée par l’emprise des activités religieuses. Cependant, avec l’apport de Mary Richmond et de Jane Addams, le travail social va connaitre une grande émancipation en se libérant des pratiques caritatives et religieuses pour enfin s’acheminer vers la scientificité, et aujourd’hui il est reconnu comme une profession qui cherche à promouvoir le changement social, la résolution de problème dans le contexte des relations humaines et la capacité et la libération des personnes afin d’améliorer le bien-être général (…) (Association internationale des écoles de Travail Social/ Fédération internationale des travailleurs sociaux, 2001).

Du point de vu de l’intervention (la pratique).

Pour atteindre son objectif dans le milieu pratique, les travailleurs sociaux mobilisent un ensemble de théories émanant des sciences humaines et sociales dont la sociologie, la psychologie et la psychosociologie qui offrent un modèle d’explication de la réalité sociale et qui permettent du coup à un intervenant d’élaborer une planification explicite de son intervention. Diverses méthodes sont à la disposition des Travailleurs sociaux pour affronter le milieu pratique qui s’avère très complexe. Il en existe divers types d’intervention : l’intervention communautaire, l’intervention en groupe et l’intervention individuelle, le travail social investit dans le milieu pratique à tous les niveaux. Ce qui constitue sa spécificité par rapport aux autres champs des sciences humaines et sociales.

De mon amour pour le Travail social.

J’ai surement déçu mes parents qui n’ont pas encore réellement saisi le sens de ce que je fais et peux faire comme travail dans la société de part la méconnaissance de cette discipline en Haïti et ces mots je cite de mon papa : Dim byen sa wap aprann saw ka fe avel, ki kotew ka travay avel ?, j’aimerais bien lui répondre que le Travail social papi on peut travailler partout, des qu’il y a des individus. En fait c’est en partie vraie, mais j’ai bien peur qu’il ne pense que je m’en moque bien de ses soucis. Aujourd’hui Valencie GELIN et Asnate DEZULME s’apprêtent à boucler des études brillamment en Génie Civile. Oh la les filles, merci pour ce choix de ce métier étiqueté comme métier d’homme, vous avez pu faire la rupture avec cet ordinaire. Mon autre amie mondoblogueuse Berlie JOSEPH est cette brillante Avocate, Gestionnaire que le pays aura la joie de compter dans les deux prochaines années. Lovelie SENEXANT est étudiante en Bio-Chimie au Canada, elle deviendrait peut être dans quelques années cette haïtienne au Canada qui aurait découvert cette nouvelle formule en chimie (rire). Et Simone Phernanda LEDIX est cette assistante sociale qui serait peut être dans peu de temps cette spécialiste de l’aide a l’enfance car ses travaux de recherche y sont orientés. Et moi je suis juriste aujourd’hui, Travailleuse sociale orientée par mes élans humanistes et les valeurs partagées comme : la justice sociale, l’équité et Mon désir de voir pallier la faim dans mon pays et la pauvreté, aussi mon souci de vivre un jour l’intégration sociale de toutes les couches. Finalement on était 6 filles dans le groupe, on n’est pas Médecins mais on aime ce qu’on fait.

 

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Commentaires

lamour
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superbe VIVI

Vita PIERRE
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Tres profond ce texte.il retrace une realite que bcp d'entre nous a deja vecue.