Papa je te plains après 8 mars…

Article : Papa je te plains après 8 mars…
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14 mars 2017

Papa je te plains après 8 mars…

Cher papa,

Aujourd’hui encore, je fixe la vie et je voudrais crier quelque chose de divin comme cette éclosion du jour; mais je demeure encore paralysée par cette immense douleur.

Papa, tu t’es abusée d’une mineure, elle n’avait que 17 ans, elle était venue à Port-au-Prince pour tenter de cueillir l’espoir, elle me racontait encore hier la veille de sa mort alors qu’elle travaillait chez toi, tu l’as mise enceinte, ensuite pour être renvoyée de la maison après avoir refusée de m’avorter, maman me décrivait cette joie folle et délirante, qu’elle a eu quand finalement, madame Désira, la couturière de ta femme, sa marraine, l’a mise chez toi, elle était heureuse m’a dit-elle quand elle a réussi les examens officiels du Certificat.

J’ai ressenti, en recevant la fois dernière mon diplôme de docteure en Criminologie, cet attendrissement infini que maman a eu devant la splendeur d’une telle réussite au CEP, avant que tout se noya sous les eaux de la pédophilie, de l’abus et la cruauté.

Papa, venir à Port au Prince était le soleil de sa vie ! C’était son soleil papa ! Son aurore ! Le commencement de sa vie ! Le lever de ses espérances !

Je garde encore les brides de souvenirs de sa force, sa ténacité, sa foi dans la vie, son sens de responsabilité, je sais que maman, aurait tendu ses bras vers l’espace rayonnant de la vie, embrasser le futur et réaliser ses rêves.

Tu sais papa, maman était venue des provinces avec le rêve d’être avocate. Elle aimait la vie, elle avait foi en l’éducation tu pourrais en témoigner si tu veux quand elle était ta bonne et que tu payais les deux gourdes à l’école nationale BOURELI, elle était brillante maman pas vrai ?Hier encore j’ai entendu ma vieille tante, se loue d’avoir formée une jeune dame fière et responsable, cette dame qui n’a pas eu dans le cursus de son éducation et la formation de son caractère des cours sur le désir de plaire à l’homme.

Ces grandes femmes m’ont appris que je dois me défaire de cette représentation de la femme : faiblesse, abnégation, abdication de toute volonté dans les mains de l’homme, et de cette belle prescription qu’est l’essence de la séduction féminine de m’en défaire. Elles m’ont servi de modèle, ma mère, la courageuse marchandes de légumes dans les provinces, et ma tante cette institutrice d’école, elles m’ont appris à ne jamais faire complète abnégation de moi-même et ne pas vivre que dans mes affections, et après 8 mars papa , avec les amis, je tente d’y échapper !

 

Papa, je te plains !

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