La Jeunesse doit vivre et exister

Article : La Jeunesse doit vivre et exister
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25 mai 2016

La Jeunesse doit vivre et exister

Jeunesse rime aujourd’hui avec exclusion. La situation actuelle des jeunes semble en phase avec ce mot, l’exclusion est devenue une notion familière quand il s’agit de parler d’eux (Bjenk Ellefsen, citoyenneté, jeunesse et exclusion, 2000). À cette réalité nous ne sommes pas des exceptions dans la société haïtienne. Grandir, se construire comme sujet pensant, s’être inscrit dans une filiation, dans une histoire et une culture est un processus qui balance entre intégration et exclusion et
s’intégrer doit être compris dans le sens de se reconnaître semblable aux autres, et en même temps se différencier des autres. L’identité, la personnalité se bâtissent dans la nécessaire différenciation des places mais ce qui est capital du point de vue de l’intégration et de l’identité personnelle c’est non pas de vivre mais d’exister. L’existence, au sens étymologique « Ek/sistere », c’est se mettre en mouvement, quitter l’état de statue et l’existence c’est penser sa vie, non sur un versant dépréciatif mais dans une projection de désirs et de réalisations de projets. L’existence c’est le rapport aux autres, le regard des autres, la pensée, la parole, la création.
Lénine dans ses textes sur la jeunesse a dit que : « Les jeunes sont la génération montante de la société. Ils sont les porteurs actifs de toutes les fonctions de la société de l’avenir. ». Certes, selon la formule de Bourdieu, la « jeunesse » n’est qu’un mot, il explique qu’en France : il y a des jeunesses avec la consommation, d’études, de lieux de vie, d’expériences incomparables. Mais, pour autant, la diversité des jeunesses ne doit pas occulter ce qu’elles ont en commun, ici on peut comprendre que notre jeunesse ne doit pas s’échapper de cette perspective de se réunir autour d’un idéal commun malgré les divergences afin de mener la lutte pour leur épanouissement et le respect de leurs droits (civils, politiques, culturels, économiques) qui permettra leur pleine intégration sociale, leur insertion sur le marché du travail afin de s’échapper de la grande misère qui frappe fort aujourd’hui dans leur clan et cette intégration sociale dont ici nous nous referons doit être comprise comme ce processus pouvant permettre aux individus d’être en mesure de participer à l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet de société.
D’ordinaire plus touchés par le chômage que les autres actifs, les jeunes sont les premières victimes d’une crise économique dont la virulence ne fait qu’accentuer le caractère alarmant de leur situation jusqu’ici. En Haïti, selon le rapport de développement Humain en 2013 en 2010 l’âge médian était de 21,5, soit 22,7% de la population entre 15 et 24ans et plus de la moitié de la population a moins de 21ans, a cet ordre les jeunes constituent le tapis social haïtien et est-il immanquable qu’ils doivent faire partie des acteurs qui doivent porter la nation vers l’émergence. Ainsi aujourd’hui les jeunes doivent avoir en commun la vision de l’obtention d’une place dans la société précisément au travers d’un emploi qu’il s’agit des plus jeunes d’entre eux, souvent sortis de l’école sans diplôme, la voie de l’insertion professionnelle est donc devenue désormais celle de la précarité, la réalisation de leur projet est donc limité faute de perspectives, ils sont donc incapables de s’investir et s’auto réaliser et leur avenir professionnel est donc fragilisé ou qu’il s’agit des plus qualifiés d’entre eux, quoi que le diplôme reste encore une garantie d’employabilité, la situation dégradée de l’emploi rallonge sensiblement la durée de passage de l’université à l’emploi pour eux, ainsi de jeunes professionnels et diplômés se voient donc restés encore sur le ‘’béton’’ a patauger dans la misère, le chômage et la crasse, CV en main à la recherche d’un emploi ou être en train d’entamer des processus pour s’immigrer vers des pays de l’Amérique du Sud principalement le Brésil, l’Equateur , le Chili qui sont devenus des refuges salvateurs pour cette population très jeune du pays de nos jours. En ce sens plaidoyer pour l’insertion professionnelle des jeunes haïtiens accroupis dans le chômage, est une cause noble, aussi comme le penserait la thèse interactionniste, les jeunes doivent être appelé à devenir acteur réagissant avec les éléments sociaux et non comme agent passif subit de plein fouet les structures sociales à cause de leur habitus ou de la force du système ou de leur culture d’appartenance.
Le philosophe allemand (A. Honneth, Intégrité et mépris. Principes d’une morale, 1999, 11-22 ) défend la thèse selon laquelle de plus en plus de luttes sociales aujourd’hui ont pour enjeu la reconnaissance. Ici cette reconnaissance selon (François Sicot , Jeunesse, luttes et reconnaissance 2007 pages 13 à 18) c’est l’idée qu’une personne se fait de sa propre valeur se constitue dans le rapport à autrui. Une société juste doit donc être en mesure d’assurer des relations fiables de reconnaissance entre ses membres. Pour (A. Honneth, 1999, 14) la reconnaissance repose sur trois composantes d’un rapport « Lorsqu’il demeure structurellement exclu de la jouissance de certains droits à l’intérieur d’une société, l’individu subit une forme d’humiliation qui affecte la compréhension normative de soi… La particularité de cette forme de mépris que l’on rencontre dans la privation de droits ou dans l’exclusion sociale ne réside pas seulement dans la limitation de l’autonomie personnelle qu’elle occasionne, mais aussi dans le fait que celle-ci est associée au sentiment de ne pas posséder le statut d’un partenaire d’interaction à part entière doté des mêmes droits moraux. »
Face à cette situation qu’on pourrait qualifier d’un déni de reconnaissance, celle-ci doit nous amener à en déduire qu’il est de toute urgence de penser les stratégies et les processus de l’insertion professionnelle de la jeunesse haïtienne principalement les jeunes dans les cités, la grande majorité de professionnels et diplômés qui restent sans emploi, accroupis. Se porter volontaire pour l’intégration et l’encadrement des Jeunes dans une société comme Haïti est une manière de commencer par construire une nation capable de dire et de répondre aux critères d’existence car miser sur la jeunesse reste au final un bon point de départ. Et parler d’intégration ou d’inclusion sociale dans une société donnée dans cette perspective d’adaptation des individus dans le système social dans un souci d’équité, de justice sociale et de respect des droits humains pour une catégorie sociale victime, c’est montrer ou identifier une pathologie sociale qui baigne de sang le fonctionnement au sein de cette société donnée et être dans une démarche louable qui est celle de vouloir définir les perspectives de solutions pour un bon fonctionnement de la société.
Le professeur historien Michel Hector eut à dire lors d’une journée d’étude organisée au Campus Henry Christophe de l’Université d’Etat d’Haïti le 18 mai 2016 que la société haïtienne a sa base construite sur le sang, l’enthousiasme d’une génération de jeunes : Les jeunes lors de la révolution esclavagiste comme Dessalines et autre considéraient Toussaint déjà comme un vieux nous dit-il et cette génération de jeunes a fait le 18 novembre 1803. Toute l’histoire des grandes luttes et des révolutions depuis démontre que les jeunes se sont toujours impliqués dans les batailles pour faire advenir un nouvel ordre social quand il faut établir une transition, à citer la bataille contre l’occupation américaine, la bataille pour l’ère démocratique autour des années 1980 contre le Duvaliérisme, 2004 et tant d’autres luttes pour l’émergence de la société haïtienne. Aujourd’hui, toute cette mémoire devrait nous interpeller en se posant la question qui suit : Comment se défaire de cette situation négligeable dont vivent ses jeunes livrés à eux-mêmes, dépourvus d’assistance et d’encadrement ?
Comme le pense le psycho-sociologue Kurt Lewin dans ses travaux sur la recherche action: « il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne théorie. Elle nous permet de jeter sur la réalité un regard éclairant et ordonné, elle nous aide à nous poser à nous-mêmes tout d’abord les bonnes questions qui orienteront notre investigation vers les meilleures pistes. » C’est dans cette approche qu’il devrait être proposé quelques réflexions sur la question de l’emploi des jeunes et de l’insertion professionnelle élevé au rang de problème social dans le milieu haïtien. Tout individu particulièrement est inclus s’il est en mesure de participer à l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet de société et pour qu’il soit en mesure il faut que les conditions relatives à ses droits dans une démarche socio-économique soient donc réunies. Il revient là de penser l’inclusion sociale en termes de droit pour la jeunesse haïtienne : égalité dans les accès aux droits (économiques, sociaux, culturels, politiques et civils) nécessaires à la pratique de la citoyenneté. Donc l’inclusion sociale suppose donc l’accès du citoyen dans notre cas à la jeunesse haïtienne aux infrastructures et aux services sociaux, culturels et économiques qu’au pouvoir. Il est de toute urgence que la problématique du chômage anime les esprits, précisément le chômage dans le clan de la jeunesse doit éveiller les débats afin de proposer des perspectives dans lesquelles la mise en œuvre d’un plan d’intervention ou d’action passe par une politique de l’autonomisation de l’individu c’est-à-dire du jeune haïtien : Education et Emploi. Cette politique en faveur de l’emploi des jeunes doivent contribuer à institutionnaliser : « un espace nouveau entre la formation, l’emploi et le chômage. » (Lefresne, 2003). Si l’insertion professionnelle constitue un processus de transition de l’école vers l’emploi, pendant lequel les jeunes cherchent à accéder à un emploi, dans les conditions socio-économiques défaillantes de la société haïtienne des reformes à la base sur la question de l’enseignement doit être posé à cet ordre l’école doit mettre une politique de préparation des individus à la vie active, développer un rapport étroit entre la scolarité et l’entreprise. « Une meilleure synergie entre les deux permettrait une mutualisation des compétences directement profitables aux jeunes. Ce qui revaloriserait les filières professionnalisantes aujourd’hui désertées. Elles pourraient ainsi attirer des jeunes dans ces métiers leur ouvrant enfin de véritables trajectoires professionnelles. » (Gérard Fonouni, le monde fr, 2010). Ainsi dans le processus d’insertion, il faut la mise en place des programmes de résorption au chômage, et le professeur sociologue Hérold Toussaint eut à dire lors d’une journée d’étude au Campus Henry Christophe a Limonade le 18 mai 2016 : ‘’L’Université doit aussi s’en charger du futur de ses professionnels, elle n’a pas le droit de fermer les yeux sur le devenir des professionnels qu’elle prépare. Ainsi, elle doit avoir des cadres dont la mission sera d’accompagner les jeunes diplômés et professionnels.’’
Une société juste étant celle qui se préoccupe de la redistribution des richesses, d’égalité, mais aussi de la réalisation des conditions sociales, structurelles, institutionnelles permettant le respect de soi et l’estime de soi, mettre au-devant de la scène une bataille pour la reconnaissance de cette catégorie qui sont les jeunes sans emplois, exclus des minima sociaux qui se trouvent confrontés à la pauvreté, alors qu’ils sont les ressorts de la croissance de demain se relève donc être un devoir, une obligation, un changement radical dans mise en place d’une politique de l’emploi des jeunes et de la restructuration de l’enseignement en Haïti doivent animer les politiques de gouvernances et surtout doit-on dire les perspectives de résolutions doivent constituer une urgence de l’heure car la jeunesse doit vivre et exister !

Vita PIERRE. (Juriste et étudiante finissante en Travail Social,mondoblogueuse).

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Commentaires

Léonardo Virgo CHARLES
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Les jeunes doivent échanger entre eux, s'intégrer, s'engager...
Il leur faut aussi un encadrement, un processus d'insertion, une reconnaissance de leurs droits et capacités.
Belle approche Vita.